4 avril 2024

Etats Généraux de l’Information (EGI)

La valeur de l’information 

Entrés dans leur dernière ligne droite, les Etats Généraux de l’Information (EGI) rendront leur copie fin juin au terme de sept mois de débats et d’un lancement poussif. Garant de la commande du Président de la République, Christophe Deloire, Directeur de Reporters sans frontières (RSF), a tenu le cap : « Il ne s’agit pas d’un nouveau débat entre éditeurs et journalistes mais de recueillir les aspirations de plus large représentation de citoyens en matière d’information ».

 

L’information doit remonter

« L’information ne doit pas descendre mais remonter » a lancé un participant ! Auxerre, la Bretagne, Rodez, le Morvan, entre autres territoires ruraux, ont illustré le rejet du centralisme parisien, souvent inhérent aux réflexions sur l’information. La hiérarchie des propositions n’est pas encore établie mais des attentes émergent, en rupture avec certaines idées reçues. Ainsi le principe de l’information réduite à un choix professionnel n’est en rien partagée. Les citoyens aspirent tant au pluralisme qu’à une rigueur de principe dans un traitement « du local au global ». Ils mettent en garde face aux nouvelles centralités : la concentration dans les métropoles régionales par les télés, radios et journaux renvoie à un abandon territorial et donc à un désert médiatique.

 

Au cœur, le citoyen

Les jeunes vivent et parlent avec les écrans mais ils chassent les fake news et prônent la régulation d’une information voulue « responsable » non sans des inquiétudes sur les derniers développements techniques.  Interrogations, craintes et espoirs fusent en effet à propos de l’intelligence artificielle (IA). Une frange des participants se sent bousculés par ces IA avec leur profusion de discours et d’images créant un flux informationnel plus ou moins visible. Lors du lancement de la semaine de la presse à l’école, Nicole Belloubet, ministre de l’Education nationale et vice-présidente de la Fondation Varenne, a judicieusement prolongé la réflexion par le lien indissoluble entre la liberté d’expression et la démocratie : « Cette liberté fondatrice est une exigence de vérité. Si la démocratie a besoin de liberté d’expression, c’est pour que ses citoyens grâce à des journalistes libres d’informer puissent connaitre l‘état du monde tel qu’il est ».

Une partie de la réponse repose sur un vaste plan d’éducation à l’information, bien au-delà du champ connu de l’éducation aux médias dans le cadre scolaire.

Le 4 Octobre 1919, en annonçant dans son premier éditorial, le fameux « En avant », la création de La Montagne, Alexandre Varenne traçait une perspective toujours d’actualité, celle d’un journal pilier de la démocratie. Il faisait également un pari évoqué aux EGI, celui de la confiance aux citoyens. Cent cinq ans plus tard, les citoyens s’interrogent sur tout un système, démocratique, économique, technique et éditorial. Et ils sollicitent clairement une redéfinition des responsabilités et des prérogatives de ceux qui y concourent, éditeurs, journalistes et eux-mêmes citoyens.

 

Jean-Yves VIF

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