Lauréats... Ils se rappellent.

Esther LEFEBVRE (2018)

Esther Lefebvre TF1 Grand Prix JRI pour « Le témoignage des fillettes de retour de Syrie »

Vous souvenez-vous de ce moment ?

Je me souviens comme si c’était hier du coup de téléphone d’un de mes rédacteurs en chef m’annonçant ce prix. J’étais en plein tournage, et je suis tombée des nues, honorée et terriblement intimidée que ce reportage soit retenu.

Par ailleurs, je garde un souvenir extrêmement fort de la soirée de remise des prix. Avec mon camarade Michael Merle – journaliste reporter d’images – et Catherine Hameau – productrice -, nous étions très émus de rencontrer les autres lauréats, pour certains, de jeunes journalistes talentueux, et pour d’autres, de grands journalistes expérimentés et très inspirants. Je me souviens notamment de la présence de Pascale Robert-Diard, magnifique plume du Monde, également primée ; je me souviens aussi d’une jeune journaliste d’agence basée à Kaboul, extrêmement courageuse et humble, avec laquelle j’ai longuement discuté. Enfin, j’ai été touchée par l’incroyable bienveillance du jury, et ses encouragements.

Quel sentiment avez-vous ressenti de recevoir ce prix pour ce remarquable et incroyable reportage sur des fillettes de retour de Syrie ?

Ce prix m’a d’abord étonnée car notre reportage consistait en un « simple » témoignage, tourné en banlieue lyonnaise, et non pas à l’autre bout du monde. Néanmoins, j’ai été très heureuse que la force du témoignage de ces fillettes et de leur père ait marqué le Jury, et que nous réussissions à transmettre ce que nous avions vécu lors de cette rencontre.

Ces petites filles venaient de rentrer de deux ans en Syrie, au cœur de la barbarie de l’Etat islamique. Or nous avons été surpris par leur formidable joie de vivre, leur insouciance et leur spontanéité. Des mots d’enfants pour évoquer l’horreur, les bombardements incessants, le niqab qui leur était imposé… Quel contraste ! Cet après-midi de tournage a été extrêmement intense, à la fois dur, et marqué par les éclats de rire des filles, leurs farces… En somme, ces fillettes nous ont offert une magnifique leçon d’espoir.

Est-ce que cela a changé quelque chose dans votre parcours professionnel ?

Avec quelques années de recul, je pense que ce Prix a provoqué chez moi un petit déclic. Ces rencontres avec le Jury et les lauréats m’ont donné de la confiance et encore plus enthousiasme pour poursuivre ce métier passionnant et exigeant en termes de disponibilité. Le fait de recevoir cette reconnaissance m’a donné le sentiment d’être devenue une « vraie » journaliste.

Quel conseil donneriez-vous à de jeunes journalistes ?

De s’accrocher ! Le monde du journalisme peut paraître précaire et incertain, mais la volonté, l’envie et la disponibilité en sont la clé. Par ailleurs, autre conseil ancestral : nul besoin de faire le tour du monde pour trouver une belle histoire, elle se trouve parfois au coin de la rue…

Fondation Varenne TF1

Esther Lefebvre entourée de Michael Merle avec qui elle partage le Grand Prix et Antoine Guélaud©Fav

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