Cécil THUILLIER Grand Prix JRI pour « Les veuves de Gaza » ARTE

Bonjour Cécil, vous souvenez-vous de ce moment ?

Ce prix a été la récompense d’une équipe, pas seulement la mienne. Ce reportage n’aurait jamais existé sans mes camarades, Alexandre Rossignol, le cameraman, Jennifer Scharwatt, la monteuse, et, bien entendu Isamël Rabbah, notre fixeur à Gaza. Ils ont été les premiers à qui j’ai annoncé que nous étions lauréats. Je me suis dit que nous avions de la chance, car le choix ne manque pas parmi les centaines de bons reportages diffusés chaque année.

J’étais pigiste à l’époque et il s’agissait de l’un de mes premiers reportages pour Arte Info. En tant que pigiste, il faut sans cesse faire ses preuves. Le prix n’a pas fondamentalement changé ma vie professionnelle mais il a permis de conforter la confiance de la rédaction en chef à l’égard de mon travail. J’ai aussi eu plaisir à rencontrer d’autres journalistes lors de la remise des prix. Ça n’arrive pas si souvent, et toute occasion est bonne pour échanger avec ses pairs, expérimentés ou plus novices. Comme lorsque je suis en reportage, j’ai toujours quelque chose à apprendre.

Le tournage dans la Bande de Gaza m’a profondément marquée. Cette prison à ciel ouvert incarne l’absurdité de notre monde. Je voulais mettre en lumière la vie des femmes de Gaza dont on ne sait finalement pas grand-chose. Je me souviens de la douceur avec laquelle Nevin, la jeune veuve dont nous avons fait le portrait, et ses parents nous ont accueillis. Il fallait prendre soin de leur histoire et, d’une certaine manière, notre prix leur a rendu hommage.

Avez- vous un conseil pour les jeunes journalistes qui  souhaitent faire ce métier ?

Je préfère exprimer une conviction plutôt qu’un conseil : savoir garder un esprit indépendant et distancé.  Le formatage peut devenir un poison qui vide de sa substance le métier de journaliste et qui appauvrit dangereusement le débat d’idées et la liberté d’expression.

Lors de la remise des Prix en 2015, Cécil Tuillier Grand Prix JRI, entourée de Thierry Cazbannes et de Boris Cyrulnik président de la cérémonie©Fav