Faire venir les plus jeunes à l’opéra ! C’est l’initiative qu’a proposée et soutenue la Fondation Varenne, à la ville de Châtel-Guyon, en invitant les membres du conseil municipal des jeunes de Châtel­, à l’opéra. Ils ont profité de la venue du prestigieux ensemble parisien Le Palais Royal pour assister à une répétition avant les représentations de Didon et Enée, premier opéra joué au théâtre, début juillet. Motivés, ils l’ont été et ont totalement endossé leur rôle de journaliste en interrogeant la troupe du Palais Royal… bluffée !

Dans les coulisses d’un spectacle grandiose !

Les jeunes se sont faufilés dans les coulisses du délicieux théâtre de Châtel-Guyon, avant d’assister aux derniers réglages. Un moment privilégié pour eux qui découvraient l’opéra  et dont ils ne sont pas près d’oublier.

Rencontre avec le chef d’orchestre du Palais Royal, Jean-Philippe Sarcos !

Sous le regard bienveillant d’Elsa Charnay, journaliste et responsable de l’agence riomoise de La Montagne, ils  ont posé des questions aux chanteurs, musiciens, et au chef d’orchestre, avant de les photographier et d’assister à la représentation.

Ici sur la photo : Jean-Philippe Sarcos, chef d’orchestre du Palais Royal répond aux interrogations du jeune reporter. « C’est un moyen de leur transmettre cette musique, mais aussi de les responsabiliser. C’est la caractéristique du Palais royal que d’être ouvert pour transmettre. »

Un moment magique pour les jeunes membres du Conseil municipal de Châtel-Guyon, qu’ils ne sont pas prêts d’oublier !

A lire ci-dessous la critique de Roland Duclos* pour Forum Opéra ( Purcell ensorcelle Châtel)

Dido and Aeneas de Purcell dans le délicieux opéra de Châtel

Tirer profit d’une économie de moyens est aussi tout un art. A fortiori avec une œuvre, Dido and Aeneas de Purcell, comportant bien des écueils qui en font aussi un chef-d’œuvre de concision. Mais l’Orchestre du Palais Royal a pour lui la jeunesse, l’enthousiasme et une foi musicienne propres à soulever une montagne d’ovations. Ce qui fut le cas à l’issue de la représentation du 2 juillet dans le délicieux opéra de Châtel-Guyon.

Une première lyrique pour le Palais Royal

Il a aussi et surtout un chef, Jean-Philippe Sarcos, persuadé que la musique est d’abord affaire de passion, et ce faisant, elle doit avant tout être le fruit d’une intelligence interprétative d’un scrupule sans concession. D’une action et d’un ressort dramatique réduits à leur plus simple expression, avec des personnages dont la brièveté des rôles devrait obérer passablement l’épaisseur psychologique et l’envergure vocale, Sarcos fait des atouts. Il mise sur la rythmique, l’expressivité et la souplesse du tissu harmonique dans une succession de scènes conduites tambour battant. D’une battue énergique et méticuleuse, il nous fait entendre que l’élément fédérateur et le ressort dramatique relèvent bien des prérogatives de l’orchestre. Première du genre pour le Palais Royal, cette production lyrique, par la fraîcheur de ses solistes, la splendeur du chœur et le dépouillement de la mise en scène de Pierre Catala, renoue avec la tradition des masques élisabéthains, de forme certes intimistes mais friands de fantasmagorie et de féérie. A preuve le fellinien sabbat des sorcières conduit par les ténors Fabrice Mantegna en sulfureuse magicienne et Sahy Ratianarinaivo et Blaise Rantoanina scandant l’ensorcelant « Ho, ho, ho ! » où l’effroi le dispute au grotesque. 

Une Didon sublime de sincérité et d’émotion

La noblesse du timbre de la mezzo Charlotte Mercier, aux graves aristocratiques, campe une Didon sublime de sincérité et d’émotion, de son air introductif d’une belle sensualité, jusqu’à son douloureux et pathétique adieu conclusif. Il fallait une Belinda de la classe de la soprano Pauline Feracci, pour soutenir la comparaison. Elle concilie brio et chaleur du phrasé avec une facilité d’émission d’une éloquente séduction. Fabien Hyon n’avait pas le rôle le plus facile. D’un Enée effacé, dominé vocalement et psychologiquement par des personnages féminins au profil marqué par la tragédie, il parvient cependant à incarner un désespoir amoureux d’une émouvante crédibilité, victime du destin. Preuve s’il en était besoin que l’art lyrique peut aussi trouver sa place et son public loin en province, pour peu que la complicité d’artistes convaincants et d’élus convaincus relève le défi avec un minimum de moyens et un maximum de talents.

* Collaborateur de la Fondation Varenne