29 novembre 2016

La Fondation Varenne avec Reza et Exile Voices au Kurdistan Irakien !

Convaincu du pouvoir des images dans le changement social, le photographe franco-iranien Reza travaille avec les personnes vulnérables pour les former à raconter leurs propres histoires par la photographie. De cette volonté sont nés, Les Ateliers Reza et  Exile Voices. L’idée de travailler avec la Fondation Varenne sur cette action hors norme, est née d’une forte amitié avec le célèbre photographe et d’une envie mutuelle d’avancer ensemble. Récit d’une expérience unique avec Exile Voices au Kurdistan Irakien avec Rémi Bouquet des Chaux, directeur de la Fondation Varenne.

Kabarto I et II

Fondation Varenne p1030034 0Pour Reza, le regard des jeunes et des enfants qui vivent les situations traumatisantes de la guerre et de la misère en général, s’aiguise d’une certaine manière.

Si l’on sait accompagner ce regard, l’éduquer, au sens noble du terme, le former à s’améliorer et à s’étonner perpétuellement, le photo-reporter n’est sans doute pas loin. Et derrière cette volonté d’éduquer à la photo, perce l’idée du témoignage. Il y a urgence à rendre compte du malheur des peuples avec œil nouveau. Mais il y a aussi urgence à donner une vraie chance à l’espoir.

De cette volonté, sont nés les Ateliers Reza et Exiles voices, sa version internationale. L’inlassable arpenteur de planète qu’est ce grand reporter quasi mythique transmet avec patience et exigence aux jeunes qui rejoignent ces structures. Trois d’entre elles existent au Kurdistan irakien : Soulemania, Kawargosk et Kabarto. Ce dernier est situé à quelques kilomètres de Duhok, au nord de l’état et aux confins de la Syrie et de la Turquie.

Fondation Varenne p1020510Il regroupe environ 28.000 personnes (en fait il s’agit du groupement de deux camps contigus : Kabarto I et Kabarto II). Le camp accueille des musulmans pourchassés par Daesch mais surtout des Yezidis, peuple particulièrement agressé.

Les Yezidis ont fait l’objet de plusieurs génocides au cours de leur histoire et le dernier épisode dramatique les concernant s’est déroulé pendant l’été 2015 dans la région de Sinjar.

A l’époque, le monde entier s’est ému de leur échappée terrifiante.

L’errance pendant plus d’une semaine de milliers de personnes dans les montagnes surchauffées par le soleil du mois d’août, s’est parfois terminée, pour les moins malchanceux, dans ce camp géré par le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU (UNHCR).

 

Pouvoir avancer
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(Notre photo © : Les enfants jouent avec le feu)

 

Dans ce contexte post violence, Exiles Voices propose une pause intelligente et formatrice. Il ne s’agit certainement pas d’un patronage mais d’un acte militant pur et parfois dur. Dans chaque camp, ces ateliers peuvent compter jusqu’à vingt personnes, garçons et filles, de tous âges. Ils son animés par des «permanents ». Généralement, ce sont de jeunes adultes impliqués dans la vie sociale. Certains d’entre eux, ont un réel talent doublé d’une indéfectible volonté de se forger un avenir en apprivoisant le présent. Reza leur donne alors la possibilité d’avancer sur ce chemin en leur transmettant son savoir, son expérience, son exigence et son enthousiasme. Il passe dans ces ateliers, au hasard de ses incessantes pérégrinations. Ses visites sont toujours l’occasion d’échanges extraordinaires entre l’homme au chapeau de feutre et ses élèves appliqués.

Une véritable opération d’Éducation aux Médias
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(Notre photo © : Florence At improvisant un « tableau noir » sur le sol pour expliquer les techniques de cadrage).

 

L’idée de travailler avec la fondation Varenne est née naturellement. L’amitié construite, les besoins exprimés et l’envie mutuelle d’avancer ont fait le reste. Ce fut d’abord une aide financière pour l’achat d’appareil photos puis la volonté de passer à autre chose s’est peu à peu fait jour. Il aura fallu une année de mise en place et de travail pour que le séjour de Florence At, photographe indépendante et de Rémi Bouquet des Chaux, journaliste et directeur de la Fondation, soit concrétisé. Le 14 novembre, ils ont donc découvert l’univers si particulier d’un camp de réfugiés en Irak, dans l’état autonome du Kurdistan. Le groupe qui travaille à Kabarto est constitué de 14 jeunes adultes et adolescents. L’objet de la mission qui aura duré deux semaines, était d’accompagner ce groupe un bout de chemin et de produire de quoi alimenter une ou plusieurs expositions, voire un ouvrage. Mais il s’agissait aussi de mettre en place, ce qui fut fait, une véritable opération d’éducation aux médias, ce qui correspond pleinement aux objectifs de la fondation. Sur le terrain, séances de prises de vue thématisées, critique des travaux réalisés et pédagogie étaient au programme. Par ailleurs, Reza ayant eu l’idée d’organiser un concours de photos, ce fut l’occasion de visionner et de commenter plusieurs milliers d’images. Enfin, Florence et Rémi ont réalisé plusieurs reportages.

Une expérience unique !
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(Notre Photo © : Les anciens devant leur tente)

 

L’accueil des habitants s’est avéré aussi surprenant que rassurant. Mais surtout, l’humanité de ceux qui tout perdu ou presque pour la plupart, a été extraordinaire. Ce fut l’occasion de découvrir le camp et la vie dans le camp, en immersion complète. Une expérience unique ! Il y a cependant de fortes chances pour que cet épisode ne soit qu’un point de départ d’une aventure beaucoup plus longue et conséquente… En effet, des liens sont entrain de se tisser qui s’affirment d’ores et déjà solides. Il faut d’ailleurs citer ceux qui ont soutenu cette opération dès le début, à commencer par le club Soroptimist de Clermont-Ferrand (Puy-deDôme). Le club service, qui s’est engagé financièrement a également exprimé la volonté de s’inscrire dans la durée dans le cadre d’un partenariat évolutif. Citons également la société Canon et les éditions Dunot. Enfin, pour revenir à l’éducation aux médias, le collège de La Charme, à Clermont-Ferrand renoue avec Reza grâce à la Fondation Varenne. Un groupe de collégiens de 5e qui participent de leur côté à un atelier de photographie encadré par des enseignants va rejoindre l’aventure. Les jeunes Clermontois vont débuter un travail qui va se poursuivre par la mise en relation et la création d’échanges avec les jeunes du camp de Kabarto. Ils seront accompagnés tout au long de l’année par des photographes professionnels qui leur feront découvrir les rudiments de la photo de presse. In fine, les deux groupes se rejoindront autour de la même passion pour tisser des liens qui pourront perdurer. La découverte mutuelle des cultures et de l’information via le média image sera au centre de cette nouvelle aventure pilotée par la fondation. A la clé, pour concrétiser ce travail, dans un premier temps, une exposition est en projet et beaucoup d’autres choses encore qui seront dévoilées un peu plus tard.

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(Notre photo © : Florence At partage sa passion de la photo avec les jeunes étudiants)

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